Mon premier rêve en japonais, de Camille Royer + Les dames de Kimoto , de Cyril Bonin.
La minute des chroniques de l'Orang-outan, un format ultra-court pour présenter une œuvre qu'on a aimée. Retrouvez également nos chroniques en vidéo sur la chaîne YouTube "Lire à Lausanne".
Texte intégral:
Mon premier rêve en japonais, c’est le titre de la première Bd de la toute jeune artiste franco-japonaise Camille Royer
Une BD autobiographique qui nous fait plonger dans le monde fantasmagorique de l’enfance. Où les émotions imprègnent les perceptions. Le monde de Camille est chahuté entre les engueulades des parents, entre deux cultures, française et japonaise. Sa mère rêve d’une fille bilingue. Mais cette langue ne passe pas pour Camille. Sauf les berceuses qu’elle adore et qu’elle chante à son tour à sa meilleures amie. Les contes japonais que sa mère lui raconte pour qu’elle s’endorme lui paraissent cruels. Ils se mêlent à son quotidien et font écho à la tristesse de sa mère, qui s’ennuie de son pays natal et de sa famille.
Magnifiques illustrations, ambiance onirique. Parfois justes esquissées au crayon, parfois en aquarelle colorée. Toujours très à propos.
2022
Toujours le Japon, mais historique cette fois-ci (précisément la première moitié du 20e siècle) avec Les dames de Kimoto / Cyril Bonin.
A travers 3 ou 4 générations de femmes, l’histoire du côté féminin, méconnu mais bien réel. A chaque époque ses difficultés. Pour cette lignée de femmes de milieux privilégiés, même si l’éducation supérieure est possible, les traditions familiales sont incontournables. Elles vont chacune à leur façon accepter les codes tout en ouvrant la voie au changement de mœurs. La fille d’Hana se rebelle contre l’éducation de sa mère et c’est Fumio qui va renouer avec sa grand-mère. La psychologie des protagonistes est tout en finesse et sans jugement. Durant ces décennies, le Japon est aussi en grande mutation, notamment dans les campagnes et cette imbrication du privé et du politique qui rend cette histoire passionnante.
Une adaptation du roman de Sawako Ariyoshi paru en 1959, son roman le plus connu en Europe, décrit comme une fresque sociale du Japon de la fin du xixe siècle jusqu'aux années 1950 racontée à travers le destin de plusieurs générations de femmes. La BD DE Cyril Bonin forme une œuvre graphique indépendante. Pas de citations qui viendraient alourdir l’histoire. Au contraire, on sent que le roman de par sa densité permet à l’auteur de déployer tout son art scénaristique et visuel.