Dans un avenir proche, la crise environnementale ravage l'Angleterre, où un régime autoritaire contrôle férocement la population : rationnement alimentaire, contrôle du droit à la reproduction. Sister, l'héroïne et narratrice, raconte sa fuite d'une ville exsangue pour rejoindre une ferme utopique dans les Grands lacs, l'armée de Carhullan, des rebelles revenus à une vie rurale.
La minute des chroniques de l'Orang-outan, un format ultra-court pour présenter une œuvre qu'on a aimée. Retrouvez également nos chroniques en vidéo sur la chaîne YouTube "Lire à Lausanne".
Texte intégral:
Vous avez entre les mains le témoignage de celle que l’on connaît sous le nom de Sœur. Elle nous raconte sa fuite de la ville de Rith, sur une île que l’on reconnaît comme la Grande-Bretagne. Sa stérilisation forcée a été la goutte d’eau de trop. La vie est rude dans ces contrées polluées où tout vient à manquer, suite à l’effondrement du système climatique et social. Les individus sont privés de tous droits, et particulièrement les femmes. La montée des eaux a remodelé le territoire. Les saisons oscillent entre pluies torrentielles et chaleur accablante. Il existerait une communauté de femmes qui vivraient retranchées dans les montagnes, hors des radars du pouvoir. Carhullan existe bel et bien. Mais Soeur va découvrir que la vie y est une lutte quotidienne, sous ses airs d’utopie. Une microsociété extrêmement bien organisée, tournée exclusivement vers la survie et la défense et en cas de nécessité, l’attaque. Certaines femmes sont chargées de l’agriculture, d’autres de récupérer la tourbe et une poignée d’élues, les troupes d’élite, sont préparées à résister à la torture, comme à mener des assauts. Avec cette dystopie, Sarah Hall pousse très loin son exploration de la féminité mais aussi les conséquences d’une révolte féministe. Que se passerait-il si des femmes s’arrogeaient la force et la brutalité, habituellement réservée aux hommes ? Un roman au réalisme post-apocalyptique maîtrisé. C’est cru, mais aussi plein d’espoir. Le propos est nuancé, et le rythme soutenu. Bref, ça vaut vraiment le détour.